Naître mère à sa façon, un droit à défendre farouchement
Chacune* d’entre nous arrive à la maternité à un endroit particulier de son chemin. Un certain nombre d’expériences ont été accumulées, débroussaillées à un degré plus ou moins grand, pour nous en apprendre sur nous-mêmes. On arrive à la mère à un certain âge, à un certain moment de sa vie, pleine d’innocence ou tatouée de cicatrices. Les blessures reliées aux épreuves, nous ont éprouvée, fait grandir, maturer. Elles peuvent aussi être encore béantes ou en processus de guérison. On réalise qu'on deviendra mère alors qu’on se sent déjà souveraine sur ses territoires sauvages intérieurs. C'est aussi possible qu'on réalise qu'on deviendra mère alors qu’on n’a aucune idée de qui l’on est vraiment, ni du sens que porte notre propre existence. On y arrive comme on est, à ce moment de sa vie.
Les dix lunes de la grossesse et celles qui suivent après la naissance ont le potentiel d’ouvrir une brèche en nous. Un bouton « fast-foward » qui ne demande qu’à ce qu’on appuie dessus pour nous propulser à grande vitesse sur le chemin du processus d’individuation. Pour plonger dans le mystère de notre propre pouvoir. C’est une invitation…mais pas une obligation.
Il est important que nous sachions que nous avons le choix, d’y plonger ou pas…
Nous avons le choix de vivre ce passage à notre façon. De nous entourer de ceux et celles qui sauront entendre et comprendre où on en est sur notre chemin. Qui ne nous infantiliseront pas. Qui ne nous pousseront pas dans le dos vers une vision de l’enfantement qui nous met mal à l’aise. Qui savent parler notre langage et comprendre entre nos lignes.
Nous n’avons pas à être docile, envers qui que ce soit, lorsque l’on devient mère. La façon la plus sécuritaire de donner naissance à notre bébé et à son placenta, reste de défendre farouchement notre propre vérité. Ça, c’est « fierce ».
À qui essayons-nous de plaire? Si notre confiance fonctionnait à l’électricité, oserions-nous tirer sur le fil branché sur une source extérieure, quelle qu’elle soit, pour la rebrancher sur notre alimentation intérieure?
Nous n’avons de comptes à rendre à personne lorsque l’on devient mère. Ce moment nous appartient à nous, à notre bébé, à notre famille. Si, à ce moment charnière de notre vie, une gestion médicale nous apporte le sentiment de sécurité dont nous avons besoin, so be it, c’est le bon chemin pour nous. Si nous aspirons à une naissance libre et autonome, manifestons notre liberté et notre autonomie sans trembler. Embrassons la posture qui résonne vrai pour nous, à cette étape de notre chemin. Osons redevenir souveraine sur nos propres terres intérieures, dans cet espace où les pressions de l’extérieur ne pèsent plus aussi fort et où il n’existe plus de bonne ou de mauvaise façon de naître mère.
Se donner le droit d’être honnête avec soi-même et de s’accueillir devient alors la liberté la plus radicale, un pur acte d’amour pour soi.
Nous. Sommes. La mère. De cet. Enfant. Avec tout ce que l’on porte, dans notre parfaite imperfection d’humaine. Et notre relation se tissera avec toutes ses couleurs et des fils qui dépassent, unique et parfaitement imparfaite, parce que férocement LIBRE.
*Le genre féminin et les mots mère/maternité sont utilisés dans le but d’alléger le texte. L’auteure reconnaît que les personnes enceintes et qui donnent naissance ne s’identifient pas toutes au genre féminin et souhaite que ses propos puissent résonner pour tous les futurs parents.
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