prendre soin
L’aube me cueille avec le besoin d’ouvrir le flot des mots avant même de sortir un orteil de mon lit ensommeillé.
Dès le début de l’ouverture de la tente rouge, les mots ont commencé à danser dans ma tête et à prendre vie. Des mots qui témoigneraient de ce temps hors du temps.
PRENDRE SOIN
Venir s'asseoir sous la tente rouge et prendre rendez-vous avec une partie de moi est venu m'offrir du baume dans une période de ma vie où tout se brasse.
PRENDRE SOIN
Il me semblait être née avec ces mots tatoués dans le cœur, comme une évidence de ma tâche dans cette vie. Je me suis construite autour de cette relation avec le monde, avec les autres. J’ai engrammé quelque part la sensation d’amour au plus profond de mes cellules.
Donner de l’amour et en recevoir en retour : dans la gratification d’une action remerciée, dans le regard de mon bébé lové sur mon sein, repu et satisfait, par les petits bras délicieux qui me cherchent dans le lit familial pour trouver le bain du sommeil sécurisant, dans la présence au quotidien pour faciliter l’harmonie de la maison et de la vie familiale, dans les espaces où j’offre une écoute attentive, compréhensive et bienveillante, dans le faire, dans l'efficacité… Une forme de drogue à laquelle je suis devenue dépendante. Action = récompense.
Un schéma hormonal bien rodé, semblable au concept du like des réseaux sociaux.... mon Facebook vivant…un schéma qui me dépossède de mon pouvoir autonome … qui me relie constamment à autrui, et qui m’efface un peu plus chaque jour…. vais-je disparaître dans le néant de la toile d’araignée ? Tisserande, emprisonnée dans son réseau de fils.
PRENDRE SOIN
Un tatouage qui n’a pas infusé complètement… ma capacité de prendre soin de moi-même n’a pas émergé.
Don de soi absolu. Sans recharge. Batterie à plat….
D’où viennent ces idées intérieures d’incarner cet archétype de mère universelle, martyre et dévotion ?
De croire que prendre soin de soi rime avec égocentrisme ?
De croire que l’on est aimé lorsque l’on est au service et seulement si l’on est au service ?
L’amour, réponse à ma dévotion…
PRENDRE SOIN
Et si je commençais à ouvrir la fenêtre de l’inconditionnel pour moi-même ? M'accueillir et m’aimer quoi qu’il soit. Il est temps…
PRENDRE SOIN
Entrer dans le nid utérin hier soir a offert cet espace pour m’accueillir quoi qu’il soit.
Tout, dans ce lieu, respirait le prendre soin.
Deux femmes de lumière ont saupoudré de la beauté, du soin et de la douceur dans chaque élément; un baume pour le cœur.
Toute de rouge enveloppée, la tanière abritait la lumière diffusée de la douceur; infusait les senteurs rassurantes d’un lieu familier; accueillait les flammes dansantes dans leur chorégraphie méditative; se parait de la nature par touches vivantes : du cèdre, du bois, de l’eau, des pétales de fleurs; offrait les messages de la ronde des archétypes féminins placés au coeur de notre rassemblement. De la beauté à couper le souffle, une médecine en soi qui m’a profondément touchée et nourrie.
Un fil rouge qui reprend vie, tissé de nombreux moments de sororité, d’un patchwork de souvenirs, de tissus, de bougies, d’objets, symboliques, habités, vivants. Tout appelait à ralentir, à contempler, à se recueillir.
PRENDRE SOIN
Etre témoin de chacune, dans l’écoute et l’accueil des partages. Vibrer intérieurement dans le miroir de ce que les femmes de ce cercle ont mis en mot autour du thème : PRENDRE SOIN.
Une séance de cinéma. Toutes les émotions me traversent : l’identification, la compassion, la joie, le rire, la tristesse, l’amitié, l’amour… Un bon scénario de reliance !
PRENDRE SOIN
“Entendre les bougies qui crépitent et un bébé qui boit au sein, des sons qui nous emmènent dans l’ancestralité” a-t-elle dit hier soir. C’est porteuse de ce souvenir cellulaire que je suis entrée sous cette voûte protectrice, bordée par les flocons dansants en suspens dans le temps, pour revenir à cet espace où tout prend soin.
Hélène Porcher,
1er avril 2023
Commenti